Créer une bande dessinée ? Pas si facile ! Il te faudra beaucoup de patience et de travail. Partir au hasard et improviser est fort imprudent : mieux vaut s’appuyer sur un scénario solide. Voici comment devenir un vrai pro.
Au départ, il faut une idée générale. C’est ce qu’on appelle le PITCH : les grandes lignes de ton histoire qui doit pouvoir se raconter en quelques lignes.
Cette étape ne doit pas être négligée : le pitch est la colonne vertébrale de ton scénario. Lorsqu’il s’agira de présenter ton travail, c’est lui que te mettra en avant. Il doit surtout donner envie d’en savoir plus, présente le ou les personnages principaux, sans révéler tous les moments forts de ton récit. Deux ou trois phrases suffisent.
Ensuite vient la deuxième étape : le SYNOPSIS. Tu devras présenter tous les personnages et leurs actions de début à la fin de l’histoire. Si tu es débutant, prévois une histoire assez brève, moins de dix pages de préférence. Tu pourras toujours te lancer ensuite dans une longue saga, en sachant mieux ce qui t’attend. Le synopsis demande cohérence, équilibre, et surtout suspense. Veille toujours à ce que ton lecteur ait envie de suivre l’histoire : joue avec lui, lance-lui des pistes vraies et fausses, surprends-le. Pense à ce que tu aurais plaisir à lire toi-même. Ménage des moments forts, des scènes intenses autour desquels tu vas construire ton histoire : combat, épreuve, et autres situations extrêmes.
La troisième étape s’appelle le DECOUPAGE. Il s’agit de montrer comment l’histoire sera racontée du début à la fin, comment les dessins et les textes s’organisent image après image.
La CASE est l’unité de base, le rectangle où les personnages agissent et parlent.
Le STRIP est une ligne de 3 ou 4 cases. Il existe des BD dont chaque épisode tient en un seul strip : Peanuts, Garfield, Dilbert... Les mêmes personnages réapparaissent, souvent dans des situations assez semblables. En général, tout l’intérêt repose dans la dernière case du strip, qu’on appelle la chute. C’est un bon format pour débuter dans la BD, surtout si tu es dans le registre de l’humour. Concision, sens de la formule et du gag sont les qualités d’un bon strip.
Mais plus souvent, les BD se découpent en pages, qu’on appelle les PLANCHES. Chaque épisode se déroule en plusieurs d’entre elles.Ton découpage est complet quand tu auras raconté toute l’histoire de la première à la dernière planche.
Lors du découpage, tu auras l’occasion de résumer certaines scènes du synopsis, voir même de les supprimer. On appelle cela des ELLIPSES : ce sont des scènes que tu peux ne pas raconter, mais le lecteur comprend quand même ce qui s’est passé. Il suffit parfois d’un simple carton indiquant par exemple «Le lendemain matin» pour signifier que le temps a passé...
Pour ton premier scénario, nous te conseillons de garder une certaine unité : évite de t’éparpiller sur plusieurs intrigues et trop de personnages... Garde bien le cap sur ton pitch !
D’une façon générale, une intrigue repose sur une difficulté à résoudre ou un OBJECTIF à atteindre. Il peut s’agir de découvrir un trésor, de déchiffrer une énigme, de sauver quelqu’un... Pour que l’histoire soit intéressante, il doit y avoir un conflit, donc un ou plusieurs OPPOSANTS. L’ennemi peut être humain ou animal, il peut être une coalition (un pays, voire une galaxie entière), un obstacle matériel (volcan, cyclone...) ou abstrait (les Forces du Mal, le Temps, l’Ignorance...), il peut même n’exister que dans la tête de ton personnage.
À toi de développer tout ce qui empêchera celui-ci d’atteindre son but. Le malentendu, l’injustice, la misère, l’emprisonnement, toutes les formes de complots et de vengeances, sont quelques-uns des principaux dangers que tu trouveras en magasin.
Il est conseillé de construire une intrigue progressive : les dangers doivent être de plus en plus terribles, et l’urgence de plus en plus pressante. Le lecteur a tendance à anticiper, à imaginer ce qui va se passer : il faut jouer avec ses attentes, le guider mais aussi le surprendre de temps en temps, tout en lui laissant de l’espoir jusqu’au DENOUEMENT, qui sera heureux ou malheureux selon ton goût.
D’une façon générale, tu peux accumuler les invraisemblances qui empêchent ton héros d’atteindre son but : en revanche, évite absolument le miracle final où tout s’arrange sans le moindre effort : le lecteur a tendance à se sentir floué.
D’une façon ou d’une autre, le début et la fin d’une intrigue doivent être préparés l’un par rapport l’autre : soit on mesure à la fin tout le chemin parcouru, soit au contraire la boucle se boucle, comme par exemple dans la célèbre série de L’Incal. Une technique fameuse aussi propose de raconter l’histoire en partant de la fin, en montrant petit à petit comment on en est arrivé là par un jeu de flash-backs.
Avant toute chose, il faut choisir les personnages. Commence par griffonner au hasard des visages, des silhouettes... Tu vas voir apparaître des figures, et parmi elles émergeront vite les principaux personnages. Beaux ou monstrueux, schématiques ou détaillés, tout dépend de ton style et de tes envies. Mais retiens qu’un bon personnage doit être immédiatement reconnaissable : c’est pourquoi il doit avoir des éléments caractéristiques : un costume typé, une coupe de cheveux spéciale, un gros nez...
Entraîne-toi à réaliser quelques dessins du personnage de face, de profil, debout, en action, etc. histoire de bien le tenir en mains.
Autre possibilité : utilise des personnages pré-dessinés sur les sites spécialisés. Pixton : http://pixton.com/fr/ te propose plusieurs types de personnages. Gnomz : http://www.gnomz.com/ a l’avantage de proposer les silhouettes de nombreux personnages existants : tu peux faire dialoguer aussi bien Astérix et Zorro que Barack Obama et le Marsupilami...
Ce n'est pas parce que c'est une histoire, que tu peux tout te permettre. Ne te moque pas de quelqu'un sous prétexte que cela fait rire !